Pour un monde digital Inclusif : Innovation et Technologies pour l’égalité des sexes

Les innovations et nouvelles technologies sont omniprésentes et ont transformé la manière dont nous vivons, travaillons et interagissons les uns avec les autres. Cette omniprésence se matérialise dans quasiment tous les différents secteurs d’activités de ce 21e siècle, ou l’ère de l’hyperconnectivité, notamment: 

• Le commerce : avec  les plateformes de commerce, d’échange, et de publicité en ligne 
• Les relations sociales: Réalisons que TikTok, réseau social le plus en vogue, a plus d’1 milliard d’utilisateurs qui passent en moyenne 60 minutes par jour devant leur écran, rien que sur TikTok. Encore faudrait-il y rajouter le temps passé sur Facebook, Instagram, YouTube, ainsi que sur les métavers Fortnite et Roblox utilisés par les adolescents.
• l’éducation: avec les possibilités de suivre des enseignements à distance, le concept de démocratisation du savoir via les ressources de masse disponibles en ligne etc.  
• le travail: avec notamment les dispositifs de télétravail ou encore le  travail collaboratif à distance etc 

A la vue de l’impact et de l’omniprésence de ces nouvelles technologies dans nos vies, Pourquoi ne pas les mettre aux services de l’inclusion et de l’égalité des sexes ?  

En effet, malgré les avantages évidents qu’offre la numérisation, il est important de veiller à ce que l’innovation et la technologie soient inclusives et qu’elles contribuent à l’égalité des sexes. Pour un monde digital inclusif, il est essentiel que nous reconnaissions et prenions en compte les disparités entre les genres en matière d’accès, d’utilisation et de participation aux technologies numériques.

La transformation numérique au service d’une plus grande autonomie des femmes

La numérisation a le potentiel de renforcer l’autonomie économique des femmes, de réduire les inégalités et d’améliorer l’accès aux services essentiels tels que l’éducation et les soins de santé. Cependant, les femmes sont souvent exclues de l’accès à la technologie et aux compétences nécessaires pour les utiliser. Selon un rapport de l’Union internationale des télécommunications (UIT), les femmes sont 23% moins susceptibles que les hommes d’utiliser Internet dans les pays en développement, et cette disparité atteint 43% dans les pays les moins avancés, notamment en Afrique. 

Cela peut être dû à plusieurs facteurs, notamment des barrières financières, l’analphabétisme, les préjugés culturels, le manque d’accès aux technologies, le manque de formation ou de compétences numériques, et le manque de modèles féminins dans les secteurs de la technologie. Ces obstacles doivent être surmontés pour que les femmes puissent bénéficier pleinement des avantages de la numérisation. Notamment en réalisant ou renforçant, dans le contexte sénégalais, ces quelques actions: 

• Valoriser les modèles féminins œuvrant dans le secteur des nouvelles technologies afin que les jeunes filles puissent s’en inspirer et créer des vocations similaires à leurs modèles dans un futur proche. 
• Créer ou soutenir les actions d’associations ou d’ONG qui œuvrent à l’inclusion financière des femmes à travers les nouvelles technologies (par exemple en aidant les GIE de femmes à disposer d’un site de vente de leurs articles, de comptes sur les réseaux sociaux pour la promotion de leurs produits ect)
• En organisant des sessions d’accompagnement des femmes du monde rural, à la prise en main de l’outil informatique pour leurs besoins du quotidien (usage de moteurs de recherches, saisie simple de texte, etc)
• Créer des incubateurs de projets technologiques pour les femmes et jeunes filles, ainsi que des plateformes de financement des projets technologiques de femmes uniquement.  

• Organiser des concours attrayants pour inciter les jeunes filles à s’intéresser aux nouvelles technologies (l’exemple du concours Jigeen ci TIC au Sénégal est à saluer). 

Quelles solutions pour plus d’inclusion dans le numérique ?

Il est important de veiller à ce que les technologies numériques soient développées de manière inclusive. Les technologies doivent être conçues pour répondre aux besoins et aux préférences de tous les utilisateurs, quels que soient leur sexe, leur âge, leur origine ethnique, leur handicap ou leur statut socioéconomique. Les concepteurs doivent tenir compte des différences entre les genres et des facteurs qui peuvent influencer l’utilisation des technologies, telles que la culture, les normes sociales et les contextes locaux. Ces technologies ainsi conçues pourraient répondre à une certaine loi “d’inclusion by design” sans négliger le “Privacy by design” qui participe d’ailleurs à la cybersécurité et la protection des données personnelles des utilisateurs.  

En guise d’exemple, il serait possible d’envisager dans le contexte sénégalais, des sites pouvant tant s’afficher en français qu’en wolof. Ou encore engager des campagnes d’acculturation technologiques dans les zones rurales ou reculées du pays, où la fracture numérique, au-delà d’un constat, est un quotidien. Une autre suggestion possible est d’encourager la création de plus en plus de logiciels intégrant des fonctions vocales pour les déficients visuels. 

Il est plus que tant de de promouvoir la participation des femmes dans les domaines de la technologie et de l’innovation. Les femmes doivent être encouragées à poursuivre des carrières dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM), et à occuper des postes de direction dans les entreprises technologiques. Les initiatives visant à renforcer les compétences numériques des femmes et à leur offrir des opportunités d’apprentissage et de mentorat sont essentielles pour améliorer leur participation dans le domaine des technologies. En ce sens, il est plus qu’urgent notamment dans les pays africains de renforcer les campagnes de sensibilisations, de dynamiser la création et le financement d’infrastructures promptes à accueillir et former les femmes aux matières scientifiques et technologiques. On serait même tenté de rêver d’une “Mariama Ba” des nouvelles technologies au Sénégal…  

Le numérique au service des violences faites au femmes

Les technologies numériques peuvent et doivent être utilisées pour soutenir l’égalité des sexes et pour lutter contre la discrimination et la violence basée sur le genre. Les technologies peuvent être utilisées pour diffuser des informations sur les droits des femmes, pour sensibiliser les gens aux problèmes de discrimination et de violence, pour fournir des services de soutien aux victimes et pour promouvoir l’égalité des sexes, surtout en ces périodes où la haine en ligne, les phénomènes de revengeporn etc ont atteint leur apogée. 

Il est également  important de garantir que les femmes soient en mesure d’utiliser les technologies de manière sûre et efficace. Les femmes sont souvent victimes de cyberharcèlement, de traque en ligne et d’autres formes de violence en ligne. Les gouvernements, les entreprises et les organisations de la société civile doivent travailler ensemble pour garantir que les femmes soient protégées contre ces formes de violence et que des mesures de sécurité adéquates soient mises en place pour protéger leur vie privée en ligne. Ceci est sans compter les efforts de sensibilisation à réaliser auprès  des femmes elles-mêmes notamment afin qu’elles  adoptent des comportement saines sur internet de manière globale et en conservant une e-réputation responsable et vertueuse. 

En conclusion, pour un monde digital inclusif, il est essentiel de promouvoir l’innovation et les technologies qui favorisent l’égalité des sexes. Cela implique d’encourager les femmes à s’engager dans les domaines de la technologie, de garantir que les femmes aient accès aux mêmes ressources et opportunités que les hommes, de tenir compte des besoins et des perspectives des femmes dans la conception et le développement de nouvelles technologies, et de garantir que les femmes soient en mesure d’utiliser les technologies de manière sûre et efficace. En travaillant ensemble pour promouvoir l’égalité des sexes dans le monde numérique, nous pouvons créer un monde plus juste et plus inclusif pour tous.

E-karangé y participe dores et déjà… et vous que faites vous ?